Un jour, une femme de 42 ans vient me consulter pour une anémie chronique qui dure depuis plusieurs années. Malgré une complémentation régulière à base de sulfate de fer (prescrite par son médecin), elle ne constate aucune amélioration. Je commence donc par lui proposer des plantes pour réguler son cycle menstruel, diminuer son flux et régénérer son foie. Je la supplémente en oligoéléments à base de fer, puis, à la deuxième consultation, lui propose de débuter la prise de fer en complément pendant trois mois. À ce jour, les menstruations sont moins abondantes et ses analyses sanguines informent d’un taux de fer sanguin normalisé.
Contrairement à ce que l’on croit, il ne suffit pas toujours de prendre des compléments de fer en cas d’anémie. Il faut souvent s’attaquer aux multiples causes de la carence. C’est ce que vous allez découvrir dans cet article…
23 % des femmes seraient concernées
Les femmes sont souvent confrontées à un manque de fer (23 % de celles en âge de procréer). Dans la plupart des cas, cette carence est liée à leurs menstruations mais d’autres éléments peuvent en être la cause.
De nombreux types d’anémies (manque de globules rouges dans le sang) existent mais dans cet article nous aborderons principalement l’anémie ferriprive, c’est-à-dire celle liée à une carence en fer, principale source d’anémie chez les femmes.
Huit symptômes qui devraient vous interpeller
Vous devriez soupçonner une carence en fer si vous êtes tout le temps fatiguée, que vous avez une perte d’endurance, une diminution des performances intellectuelles, des troubles de l’humeur, des vertiges, des faiblesses, des troubles digestifs, des jambes sans repos, etc.
De quel fer parle-t-on ?
Le fer est un élément essentiel au bon fonctionnement de notre organisme et il intervient dans de nombreux processus essentiels : oxygénation, synthèse de l’ADN, synthèse des globules rouges, etc. Il est important de ne pas être en déficit de fer pour rester en bonne santé physique et psychique.
Il existe au travers de l’alimentation un fer appelé héminique (protéines animales) et un fer appelé non héminique (végétaux). Le fer héminique est plus facilement assimilé. L’absorption du fer non héminique dépendra des autres aliments qui permettront une meilleure assimilation ou qui pourront la freiner (je vous en reparle plus bas). De plus, il devra être réduit à l’état ferreux avant d’être utilisé.
Attention aux radicaux libres !
Dans les mécanismes de réception du fer, la transferrine joue un rôle crucial. Fabriquée par le foie, elle servira au transport du fer. Un bon fonctionnement hépatique est donc nécessaire pour que le fer soit transporté et qu’il ne stagne pas de manière libre dans la circulation sanguine. Libre, il deviendrait potentiellement toxique en se liant à d’autres molécules, formant ainsi ce que l’on appelle les radicaux libres.
Le foie est donc le grand chef d’orchestre de l’assimilation du fer. Il synthétise la transferrine qui permet le transport du fer et le stocke en partie sous forme de ferritine (protéine de stockage). Par une hormone appelée hepcidine, le foie stoppe également l’assimilation du fer s’il est apporté en trop grande quantité, ce qui serait toxique pour lui.
Cinq mesures à prendre en cas de carence en fer
1. Réguler son cycle menstruel avec les plantes
La première cause de carence en fer chez les femmes est liée aux menstruations. Soit celles-ci sont trop abondantes (plus de 80 ml par jour, c’est-à-dire plus de 2 serviettes pleines 3 jours consécutifs), soit elles sont trop fréquentes. De nos jours, une femme a en moyenne 300 fois ses règles dans une vie ; il y a une centaine d’années, c’était en moyenne 30 fois ! Et cela, bien sûr,est essentiellement lié aux phases de grossesses et d’allaitement moins nombreuses actuellement.
De plus, le stress amplifie le flux sanguin ; notre hygiène et notre rythme de vie ont une répercussion directe sur la manière dont se passent les règles et peuvent les rendre plus abondantes et plus longues.
En cas de menstruations abondantes, il est possible de réguler le cycle en prenant de l’Alchemille en teinture-mère, à raison de 30 gouttes 3 fois par jour dans un peu d’eau. Vous pouvez également y ajouter de la teinture-mère de Bourse à pasteur, uniquement durant les menstruations et à doses modérées (10 à 20 gouttes 3 fois par jour). D’autres plantes existent et un conseil thérapeutique est toujours nécessaire pour définir lesquelles vous sont le plus adaptées.
2. Avoir une alimentation assez riche en fer
L’alimentation moderne génère de nombreuses carences, dont celle en fer. Trois régimes alimentaires sont source de problèmes nutritionnels :
Une alimentation trop industrielle, dénutrie et riche en sucre. Cette dernière est composée d’aliments raffinés, de viandes provenant d’animaux nourris aux céréales, ou encore de légumes cultivés hors sol et en serre.Tous ces aliments sont pauvres en minéraux.
Une alimentation que l’on dit « saine » mais appauvrie en graisses et sources protéiniques animales. En effet, alors que nous pensons manger équilibré (légumes, féculents, viandes ou poissons), nous avons tendance à ne manger que les morceaux nobles des animaux (viande blanche, steak). Or il est également nécessaire de consommer des morceaux moins nobles ou les abats, plus riches en graisse et en vitamine B12 (elle est essentielle à la formation des globules rouges).
Un régime alimentaire avec éviction de protéines animales (végétalisme). Ces régimes, s’ils sont suivis sur le long terme (plus de deux ans) peuvent être la cause
d’une grave carence en fer et en vitamine B12. Ces régimes ne correspondent généralement pas à notre mode de vie moderne. En effet, le stress et les pollutions électromagnétiques sont très oxydatifs : notre organisme a donc besoin d’un apport en nutriments plus important.
Autrement dit, seule une vie très calme, méditative, en osmose avec la nature, peut se contenter d’une alimentation 100 % végétale. Lorsqu’on suit un régime végétarien, il faut donc apporter une grande quantité de fer non héminique et s’assurer que l’organisme l’assimile parfaitement.
3. Booster ses capacités d’assimilation intestinale
Le fer est absorbé dans le duodénum et son absorption dépend du type de molécule de fer et des autres nutriments ingérés en même temps.
De manière générale, l’assimilation intestinale du fer sera améliorée avec la vitamine C, et le son des céréales. Au contraire, elle est freinée par les compléments à base d’argile (qui capte le fer en milieu intestinal et l’élimine), les tanins contenus dans le thé et le café et certains médicaments ou antibiotiques.
L’hygiène intestinale est cruciale pour garantir la bonne absorption du fer. En effet, un intestin enflammé ou abîmé n’aura pas la même capacité d’assimilation qu’un intestin en bonne santé. Les infections à Helicobacter pylori, les gastrites, les maladies cœliaques, les maladies inflammatoires chroniques des intestins (telle que la maladie de Crohn), sont des causes d’anémie fréquentes. D’autres maladies peuvent intervenir dans l’assimilation du fer, comme la mononucléose qui peut causer des dommages fonctionnels du foie, l’empêchant d’utiliser correctement le fer.
Assurez-vous que vos intestins sont en bonne santé.
Vous pouvez faire des analyses en laboratoire pour dépister une inflammation intestinale ou une dysbiose (dérèglement bactérien intestinal). Vous pouvez également améliorer l’assimilation intestinale :
En adoptant un régime alimentaire anti-inflammatoire durant quelques mois, sans produits laitiers animaux et sans blé, épeautre, maïs et dérivés.
En prenant des probiotiques contenant des ferments lactiques adaptés à l’inflammation intestinale.
En consommant des enzymes au travers de produits lactofermentés (choucroute, kéfir, kimchi, etc.).
4. Vérifier son taux de fer dans le sang
L’analyse sanguine reste un moyen sûr de connaître un déficit en fer ou autres nutriments nécessaires à son assimilation.
Doser le fer seul ne sert à rien et n’est pas le reflet de son assimilation. Trois marqueurs sont intéressants :
Le dosage de la capacité de fixation du fer (250 à 450 mcg/dl) : elle augmente en cas de carence.
Le dosage du taux de ferritine sérique : il informe des réserves totales en fer de l’organisme (supérieur ou égal à 50 ng/ml, idéalement 80 ng/ml). Un taux bas est corrélé à une carence en fer. Il est également un marqueur de l’inflammation, comme la CRP (protéine C réactive). Son taux augmente dans les maladies inflammatoires et infectieuses notamment.
Le dosage du coefficient de saturation de la transferrine (dosage associé de la transferrine et du fer normal entre 20 et 50 %.).
Il faut également s’assurer qu’il n’y a pas de carence en vitamine B12. Celle-ci se mesure au travers du marqueur Holo TC Transcobalamine B12 qui est son transporteur. En effet, analyser la vitamine B12 seule n’est pas révélateur de la quantité de B12 assimilée.
5. Bien choisir son complément de fer
La supplémentation en fer nécessite un choix rigoureux du complément. En effet, les compléments à base d’hydroxyde de fer sont très mal assimilés et mal supportés. Personnellement, je conseille la prise de compléments à base de bisglycinate de fer associé avec du cuivre qui favorise la capture du fer, à raison de 1 gélule de 14 mg de fer par jour, 5 jours sur 7, entre 3 et 6 mois, selon le déficit en fer.
Afin d’augmenter l’assimilation (jusqu’à 10 fois), vous pouvez également prendre en parallèle de la vitamine C sous forme d’acérola. Le fer pris en continu n’est pas correctement assimilé car bloqué par le foie, d’où l’importance de le prendre 5 jours sur 7 uniquement.
En cas de déficit léger en fer, il est possible de prendre de la spiruline. Il s’agit de fer non héminique, donc moins facilement assimilable, mais elle reste efficace. Il est conseillé d’en prendre 6 comprimés par jour (selon le laboratoire).
D’autres solutions intéressantes existent comme les oligo-éléments, les sels de Schüssler, certaines plantes telles que l’ortie ; vous pourrez en discuter avec votre naturopathe.
Les injections de fer sont à éviter s’il n’y a pas de carence sévère. En effet, elles sont très oxydatives et provoquent de nombreux effets secondaires (brûlures d’estomac, nausées, vomissements, etc.).
En cas de déficit en vitamine B12, il est important de se supplémenter plusieurs mois en Méthylcobalamine à raison de 1000 mcg par jour le premier mois, puis 200 mcg par jour jusqu’à rétablissement d’une alimentation plus équilibrée.
Marie-Eve Kappler
Naturopathe
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